
ANDY KAYES HIP HOP (FR-UK)

Certains se contentent de déballer la marchandise en posant avec un sourire niais. Andy Kayes, lui, fait parti des ombres. De sa rue crade, de son impasse glauque, du fond d’un wagon de la ligne D, Andy Kayes observe le monstre-foule. Ses habitudes, ses mimiques, ses espérances. Il se plait à décrypter les mœurs, le dégout, les échecs. Pas de jugement.
Du haut de sa plume, tapis dans la brume, il incarne cette silhouette sans visage pouvant sauter à chaque couplet d’une vie à l’autre, avec une pertinence rare. Disséquer peut être, comprendre surement, l’intervalle de sécurité posé entre lui et le flux de vies permet d’avoir assez de recul pour se mettre dans la peau des autres sans s’apitoyer. De son arrivée sur la scène française à son mini-album gratuit sorti en 2006, Andy Kayes s’est d’abord escrimé à changer d’identité sous l’entité Manimal, posant aussi bien en Anglais qu’en Français.
Changement d’identité, retour aux sources, Andy n’a pas vraiment de visage : c’est un peu toi, moi, le gamin oublié au fond de sa classe, le petit con en pleine overdose canant dans les tunnels du métro, le salarié perdu dans la cohue matinale rongé par l’envie quotidienne de démissionner, l’enfant seul, la bande de pote, le contestataire molotov à la main, le chômeur écrasé par l’ennui.
De part sa dualité Française / Anglaise, Andy se réclame autant de la scène française indé que de MF Doom ou Mr Lif, et devrait concilier tout ça sur un album qui devrait, enfin, faire ressortir l’individualité du bonhomme au milieu d’une industrie qui, elle aussi, n’en fini plus de muter.